Le Mont d’émeraude de l’Egyptienne Mansoura Ezzeddine vient de recevoir
le prix du meilleur livre du Salon de Charjah. Il s’agit d’une réécriture
contemporaine des Mille et une nuits.
Gabal Al-Zomorrod (le mont
d’émeraude) vient d’être récompensé du titre de meilleur livre au 33e Salon de
Charjah. Le roman primé s’inspire largement des Mille et une nuits. Il s’agit
de deux histoires parallèles dont les intrigues s’imbriquent et se chevauchent,
comme si la nouvelle histoire, l’actuelle, comblait les lacunes de l’ancienne.
Le critique Ammar Ali Hassan souligne
les avantages de travailler ainsi sur un texte ouvert qui permet des ajouts et
des modifications sans trahir le texte original. Ce texte classique est en
effet le fruit d’une contribution successive des Perses, des Syro-Libanais et
des Egyptiens, depuis des siècles. Il a largement influencé le patrimoine
humain, devenant ainsi une source intarissable d’inspirations pour les Orientaux
et les Occidentaux.
Mansoura Ezzeddine prend ainsi la
liberté de rectifier certaines informations du récit original, tel qu’il nous
est parvenu : « Schéhérazade ne savait pas que la nouvelle de Zomorroda, comme
elle l’a racontée à Shahrayar, n’est en fait qu’une déformation de l’histoire
d’une vraie princesse qui a vécu au sommet du mont magique, Qaf. Cette vie
s’est estompée, ne laissant derrière elle qu’une histoire soumise aux
déformations continues. Elle attend celui qui la libérera et secouera de
nouveau les parties mortes, celles qui se sont ensevelies dans l’oubli ».
La mission de l’écrivaine, à travers
sa narratrice, est d’épurer l’histoire des Mille et une nuits de toute
digression, en se donnant le droit de rectifier ou de compléter certains
passages. Dans la version de Ezzeddine, la protagoniste Bostan Al-Bahr est une
Iranienne. Elle est la fille de l’un des derniers pèlerins qui connaissent par
coeur le mythe du Mont émeraude. Elle embarque au Caire en quête des parties
manquantes des anciens manuscrits. Tout au long du roman, elle se comporte
comme si elle était habitée par un destin énigmatique, n’ayant d’autre
alternative que d’affronter son sort afin de retrouver Emeraude, la reine de
Qaf.
Mansoura Ezzeddine est née en 1976
dans le Delta. Elle a publié de nombreuses nouvelles dans la presse et un
premier recueil de nouvelles, Douë Mohtaz (une lumière agitée) en 2001, puis
Matahet Mariam (le labyrinthe de Mariam) en 2004, aux éditions Merit, qui a été
traduit vers l’anglais par AUC Press. Son premier roman Waraa Al-Fardous
(au-delà du paradis) est publié aux éditions Al-Aïn (2009) et traduit en
plusieurs langues. Elle a été sélectionnée au Beirut 39 comme l’une des
meilleures auteures âgées de moins de 40 ans dans le monde arabe.
Ahram Hebdo
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