Monday, November 24, 2014

Le Mont d’émeraude : Les mille et une nuits corrigées


  Le Mont d’émeraude de l’Egyptienne Mansoura Ezzeddine vient de recevoir le prix du meilleur livre du Salon de Charjah. Il s’agit d’une réécriture contemporaine des Mille et une nuits.


Gabal Al-Zomorrod (le mont d’émeraude) vient d’être récompensé du titre de meilleur livre au 33e Salon de Charjah. Le roman primé s’inspire largement des Mille et une nuits. Il s’agit de deux histoires parallèles dont les intri­gues s’imbriquent et se chevauchent, comme si la nouvelle histoire, l’actuelle, comblait les lacunes de l’ancienne.

Le critique Ammar Ali Hassan souligne les avantages de travailler ainsi sur un texte ouvert qui permet des ajouts et des modifications sans trahir le texte original. Ce texte classique est en effet le fruit d’une contribu­tion successive des Perses, des Syro-Libanais et des Egyptiens, depuis des siècles. Il a large­ment influencé le patrimoine humain, devenant ainsi une source intarissable d’inspira­tions pour les Orientaux et les Occidentaux.

Mansoura Ezzeddine prend ainsi la liberté de rectifier cer­taines informations du récit ori­ginal, tel qu’il nous est parvenu : « Schéhérazade ne savait pas que la nouvelle de Zomorroda, comme elle l’a racontée à Shahrayar, n’est en fait qu’une déformation de l’histoire d’une vraie princesse qui a vécu au sommet du mont magique, Qaf. Cette vie s’est estompée, ne laissant derrière elle qu’une histoire soumise aux déformations conti­nues. Elle attend celui qui la libérera et secoue­ra de nouveau les parties mortes, celles qui se sont ensevelies dans l’oubli ».

La mission de l’écrivaine, à travers sa narra­trice, est d’épurer l’histoire des Mille et une nuits de toute digression, en se donnant le droit de rectifier ou de compléter certains passages. Dans la version de Ezzeddine, la protagoniste Bostan Al-Bahr est une Iranienne. Elle est la fille de l’un des derniers pèlerins qui connaissent par coeur le mythe du Mont émeraude. Elle embarque au Caire en quête des parties manquantes des anciens manuscrits. Tout au long du roman, elle se comporte comme si elle était habitée par un destin énigmatique, n’ayant d’autre alternative que d’affronter son sort afin de retrouver Emeraude, la reine de Qaf.


Mansoura Ezzeddine est née en 1976 dans le Delta. Elle a publié de nombreuses nouvelles dans la presse et un premier recueil de nouvelles, Douë Mohtaz (une lumière agitée) en 2001, puis Matahet Mariam (le labyrinthe de Mariam) en 2004, aux éditions Merit, qui a été tra­duit vers l’anglais par AUC Press. Son premier roman Waraa Al-Fardous (au-delà du paradis) est publié aux éditions Al-Aïn (2009) et traduit en plusieurs langues. Elle a été sélectionnée au Beirut 39 comme l’une des meilleures auteures âgées de moins de 40 ans dans le monde arabe.

Ahram Hebdo

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