Rania Hassanein
Par le billet de l'imagination, du mystérieux
et du fabuleux, la romancière et journaliste Mansoura Ez EL Din s'est forgée
une prestigieuse place sur la scène littéraire égyptienne. De plus, elle a été
parmi les rares écrivains arabes à franchir le champ culturel international.
Calme, souriante et douce, l'écrivaine et
journaliste égyptienne Mansoura Ez EL Din est sure de ses pas. Très confiante
en soi même, ne dépassant pas les 40 années, elle a réussi en peu de temps de
graver son nom sur la scène littéraire. Avec la même sureté, elle a tout de même
commencé à réaliser une renommée littéraire
à l'étranger. Elle a publié jusqu’à présent,
trois romans et deux recueils de nouvelles, qui, grâce à son écriture éloquente, innovatrice, et fabuleuse, ont, pour leur
plupart, été traduits à environ 12 langues étrangères. Un de ses romans Waraa
Al Fardous (Au-delà du paradis) publié en 2009, chez édition AL Ain, a été sélectionné en
l'an 2010 dans la courte liste du prix du Booker arabe et a été traduit en 2011
a l'italien ( Piemme- Monadori) et l'allemand ( Unions Verlag). De même, pour son roman
Matahet Mariam (le labyrinthe de Mariam) publié en l'an 2004 par l'Organisme
arabe des études et de publication, qui
lui a aussi a été traduit vers l'anglais
à travers l'Université Américaine du Caire ( AUC) ( Mayram's Maze)
en 2007.
Actuellement,
son dernier Roman Gabal AL Zomorrod
(Le Mont d'Emeraude) qui a obtenu en l'an 2014, le prix du meilleur roman
arabe, au 33 e Salon de livre à Charjah est en cours de traduction vers la langue
française par le traducteur Stéphanie Dujols , chez la maison d'édition Actes Sud. "
C'est le travail qui s'impose s'il est bien écrit et attirant. En plus, s'il dépasse
les origines de l'écrivain, il réussit ainsi à franchir de nouveaux horizons et
par la suite gagner des lectorats à l'étranger." Assure l'écrivaine.
Tout un monde fabuleux et mystérieux est esquissé par la plume de Mansoura. Possédant
un esprit vif, le réel et l'imagination s'entremêlent laissant le lecteur épris
par un nouveau monde créait par la romancière.
De même, les rêves, les fantômes, les tourmentes, les hallucinations et les labyrinthes de l'esprit humain dominent ses œuvres. En 16
octobre 2009, Mansoura Ez EL Din a été sélectionnée au Bierut 39 (Un projet littéraire
en collaboration avec l'entreprise non profitable The Hay Festival et la Foire
international du Livre de Bierut dont
l'objectif est de sélectionner 39
meilleurs romanciers du monde arabe qui ont moins de 39 ans.) Son recueil de
nouvelles Nahwa LE Gounoun ( Vers la folie)( Dar Merrit,2013) a
été lui aussi couronné meilleur recueils de nouvelles à la Foire International
du Livre du Caire en l'an 2014.
Bien placée dans son milieu
préféré, elle occupe depuis l'année 2014, le poste de l'adjoint du rédacteur
en Chef à la Revue littéraire Akbar AL Adab et est responsable de la rubrique
du Book Review et de l'annexe mensuel Bostan AL Kotab ( Le jardin des
livres). Un poste qui s'enchaine
naturellement avec son style de vie. Vivre entre les livres est un hobby qui lui a été toujours familier. Son appétit pour
la lecture a commencé à l'école, dès ses premières années primaires. Elle a été
attirée, en premier lieu, par la lecture des romans étrangers traduits vers l'arabe,
puis par ceux arabes. Elle a fait connaissance avec les livres de Charles Dickens,
lu les Confessions de Jean Jacques Rousseau, Les écrits de Tolstoy, la série connu sous le nom
Ketabi (mon livre) de livres étrangers traduits vers l'arabe de l'écrivain
Helmy Mourad, à travers laquelle, elle avait
lu par exemple Anna Carenina etc.. "Je notais les noms de
ces livres et j'allais les cherchais de la grande Bibliothèque du gouvernorat de
Tanta. Pendant cette période, la littérature étrangère m'a fascine et m'a module
l'esprit. J'étais tout à fait habituée par les noms des héros étrangers par
leur style de vie ce qu'ils aiment, ce qu'ils mangent etc…"
En parallèle, Le Journal AL Ahram qui regroupait à cette époque d'éminents
écrivains tels Tawfik AL Hakim, Naguib Mahfouz, Louis Awad, Anis Mansour,
Youssef Idriss, parmi autre, était son billet vers l'ouverture à la littérature
et la pensée arabe.
De même, sa naissance dans un simple
village dans le gouvernorat de Delta à AL Garbeia avait une très grande influence
sur sa carrière. " Mon village était petit mais très beau. Entouré par
les splendides arbres de prune et de goyave,
les adorables couleurs et odeur de fruits , que j'examinais chaque jour, en
parcourant mon chemin à pieds, avec mes collègues, pour arriver à mon école
dans un autre village voisin, m'a beaucoup enrichit l'esprit d'imagination"
se souvient Mansoura. "Vivre
tout près du Nil a engendre chez moi, tout un patrimoine culturel très enrichi
par les histoires répétées de ma grande mère et mon grand-père sur les fantômes
et les djinns du Nil." Un mode de vie particulier qui avait comme même
quelque influence négatif sur elle. Tels histoires, le sombre et le calme qui entouraient toujours le
village a l'exception de quelques cris de bêtes et oiseaux, ont créé chez elle un sentiment de peur qu'elle
n'arrive pas à s'en débarrasser jusqu’à présent. Un sentiment qui a été accentué
par la perte de son père à l'âge de neuf, par sa mort. " J'ai été choqué par l'amertume du
destin et j'ai découvert la fragilité de la vie qui peut s'achever dans un clin
d'œil. Je ne pouvais pas supporter sa mort, je me laissais tout le temps créait
des scénarios de sa présence. Je le sentais toujours à cote de moi. "
Des sentiments qui se sont reflétés très clairs ensuite dans ses écritures.
Un sentiment de perte qui a été compensé par la présence de sa mère qui
l'encourageait toujours à se distinguer et faisait sortir d'elle le mieux. C'est
cette mère qui a accepté la décision de Mansoura la jeune fille qui une fois
avait terminé ses années d'écoles, a décidé de se détacher de la famille et
aller à l’âge de 18 ans, au Caire pour suivre ses études universitaires. Elle a
opté pour le journalisme à l'université du Caire. " J'étais la seule
fille dans mon village à choisir de vivre loin de ma famille. Même durant les
vacances d'été je préférais rester au Caire pour s'entrainer dans des journaux
et être proche des conférences littéraires et
des lieux de rencontres avec les écrivains et romanciers. " assure-t-elle.
Pas à pas, La romancière a commencé à écrire et ceci
s’est réalisé, durant son étude universitaire. " J'ai
lu par pure coïncidence une nouvelle publiée pour une jeune fille marocaine
dans une revue arabe littéraire qui est diffusée de Londres. Je me suis dit alors
que je peux moi-même écrire mieux que ça." Elle s'est mis à écrire une
nouvelle et l'a envoyé au courrier des lecteurs à le Revue Ibdaa dont
son rédacteur en chef à cette époque était
le poète Ahmed Abel Mooti Hegazi. " Tout à fait surpris, je l'ai trouvé publie tout de suite au numéro
suivant. Très bien reçue et appréciée, je leur ai envoyé d'autres qui étaient à
leur tour publiées dans la même rubrique." S'exalte –elle.
Malgré ce succès, Mansoura quand elle était
toujours étudiante a la faculté du Caire,
avait toujours peur de prendre plus de démarches sérieuses dans sa voie
d'écriture. " C'était parce que j'ai
beaucoup lu de littérature arabe et étrangère, je savais que j'étais toujours à
mes débuts et que mes écritures n'ont pas encore atteint mon standard espéré."
Un de ses collègues à l'université, Ahmed Hamed qui se présentait chaque année,
au concours de L'université par ses nouvelles et qui gagnait souvent, lui avait
présenté une de ses nouvelles au non Lakhta (Prise de vue) sans lui
dire. A sa grande surprise, c’était elle qui a gagné cette fois ci et sa nouvelle a été sélectionnée
meilleure nouvelle sur le niveau de l'université du Caire, puis sur le niveau
de toutes les autres universités de L'Egypte.
Si elle était douée, elle avait aussi de la
chance. Le destin lui avait préparé une rencontre avec son écrivain préféré, Mohamed
El Bossati. Elle avait l'opportunité de le rencontrer quand elle était toujours
étudiante, pour une interview au compte de la revue la voix de l'université
publiée par le département d'Information. " Al Bosati a été étonné que malgré
mon jeune âge j'avais lu tous ses œuvres et m'a demandé les miens sans que je
lui avais avoue que j'en avais, mais il était certain que j'en ai " A son tour, appréciant
son travail, il l'a envoyé une nouvelle auprès
de l'écrivain Ibrahim Aslan qui la a son tour publie dans sa revue AL Hayat diffusée de Londres. En
effet, sa connaissance avec Mohamed AL Bossati a été un événement tournant dans
sa carrière. Il lui a guide, emprunté les romans, et nouvelles clés, arabes et
étrangères et lui a fait connaissance
avec d’autres éminents écrivains comme entre autres, Bahaa Taher, Gamal AL
Guitani et son épouse Magda EL Guendi avec
qui elle s'est entrainée certain temps a la revue RosalYoussef avant de
rejoindre Akbar AL Adab et travailler avec Gamal Al Guitani. Ainsi, elle a commencé à se connaitre comme
une des jeunes écrivains promettant.
Mais comme même, si elle avait la chance de rencontrer
des gens qui lui ont soutenu, il y avait
toujours d’autres qui l’ont découragé et qui pouvaient affecter son futur d’écrivain.
« Très jeune, durant ma phase
primaire j’ai fait face à un professeur d’arabe qui n’a pas cru que c’était moi
qui avait rédigé mon récit de rédaction et m’a obligé d’avouer que c’était mon frère
ou ma sœur qui me l’ont écrit. Pas moyen,
de peur d’être puni, j’étais oblige à lui avouer devant toute la classe, que ce
n’était mon travail. Un sentiment d’injustice et de tyrannie demeure toujours
de cette expérience » se
souvient la romancière.
Toujours le seul moyen d’affronter ses faiblesses
et ses peurs c'était d’écrire.
« En écrivant,
je me trouve face à face avec mes angoisses. C’était mon propre moyen de les
comprendre et par suite les affronter »avoue-t-elle. Choisir d’écrire
sur le passé et non pas le présent est un de ses moyens pour traiter des
événements politiques que fait face le pays et plutôt la région arabe, mais
d’une façon implicite. Epris par Les contes de Mille et une Nuit, elle a
décidé d’inventée une histoire inspirée d’elle et portant les noms de ses héros,
pour l’ajouter à ce fabuleux conte légendaire. Ainsi, a résulté le Conte du
Mont D’Emeraude. En 2012, quand elle avait écrit ce roman, juste une année après la Révolution du 25 janvier, les évènements
perturbés en Egypte et au monde arabe, lui ont affecté et l’ont fait perdre confiance
dans le pouvoir d’écriture à s’échapper du destin misérable de la région. « Mais c’était grâce à la relecture
des contes des Mille et une nuit que j’ai découvert le pouvoir de ses anecdotes
qui sauvaient la vie de ses héros et par la suite affronter les pouvoirs
absolus et tyranniques des régimes de cette époque. Ainsi j'ai décidé d’inventer
la mienne ».Par le billet de ce roman, elle a traité de l’Egypte et de
la région arabe, d’après les Révolutions
du printemps arabe, en liant le présent
au passé pour avoir deux héroniennes et deux destins simultanés qui se coïncident.
Sa mission était d'épurer l'histoire des Mille et une nuits de toute
digression en se donnant le droit de rectifier ou de compléter certains
passages.
L’écriture mystérieuse, fabuleuse, l’illustration
des images de meurtres, de folies et de misère de ses personnages sont les
propres outils de Mansoura Ez El Din
pour incarner l’état d’une société instable et mettre en relief sa
vision vis-à-vis d’elle.
"L’écrivain doit être comme le personnage d'Alex aux pays des
merveilles. Il doit toujours faire travailler tous ses sens
en but d'être capable d'assimiler toutes les changements qui lui entourent et
ainsi, créait une littérature dissemblable." S'explique Mansoura.
C'est par son arme
d'imagination enrichie par ses multiples voyages de par le monde, que Mansoura
a réussi son rêve d'écrire. Entre les lignes de son roman Waraa Al Ferdows, elle s'est bien identifiée face à ses
lecteurs en disant à travers son héros Salma :" Je suis la perfectionniste jusqu'au bout de mourir, à mélanger les
évènements par les illusions, les vérités par les incertitudes et la vivante avec un esprit confus". Elle a ajouté aussi qu'elle ne savait pas
qu'une fois grandie que cela sera son mission. Mais ça l'était par excellence.
Pourtant, elle est annexée
des contraintes imposées dernièrement, à
la liberté d'expression et qui amènent au verdict de prison des intellectuels
et des penseurs surtout après deux importantes révolutions. Elle soutient son collègue le romancier Ahmed Naqui, de même
que l'écrivaine Fatma Naoout et le penseur Islam AL Beheri . " Créer une
ambiance terrifiante aura des répercussions très négatives sur toute l'Egypte et sa renommée culturelle
surtout à l'étranger. Le seul moyen est de discuter et analyser tout avis par
d'autres avis simultanés "répète –elle.
Jalons:
1976: naissance à Al Delta , Gouvernorat AL Garbeia
1998: Licence de Journalisme de L'Université du
Caire
2001: Publication de son premier recueil de
Nouvelles " Doua Mouhtaz"
( Lumière frémissante), Dar Merit .
2004: Publication de son premier roman Matahet Maryam par l'Organisme arabe des études et de publication.
2009: Sélection de son nom au Beirut 39, parmi les éminents écrivains arabes de moins
de 39 ans.
2010: Son deuxième roman Waraa Al Ferdaws
atteint la courte liste du prix Booker.
2014: Son recueil de nouvelles Nahwa AL Gounoun ( Vers la folie) reçoit
le prix du meilleur recueil de nouvelles a la foire égyptienne International du
Livre
2014: Son dernier Roman Gabal AL Zomorrod (Le Mont d'Emeraude) reçoit le
prix du meilleur roman de la Foire international du Livre d'AL Charjah et il est en cours de traduction vers la langue
française par Actes Sud.
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